L’heure du bilan : que retenir de la COP 30 ?

La COP 30, qui s’est tenue à Belém, au cœur de l’Amazonie, a été marquée par des promesses, des tensions, des alliances… et des contradictions. Il est temps de faire le point : qu’est-ce qui a réellement avancé, qu’est-ce qui reste à faire — et quelle est la place de la République démocratique du Congo dans ce nouvel ordre climatique ?

1. Avancées notables

a) Lancement du TFFF (Tropical Forests Forever Facility)

Le Brésil a réussi à mettre sur la table un mécanisme ambitieux : un fonds dédié à la protection des forêts tropicales. C’est une victoire symbolique et potentielle pour les pays qui abritent les plus grandes forêts du monde. Cela ouvre la voie à un financement structurel pour la conservation. 

b) Visibilité accrue des peuples autochtones

Les mobilisations autochtones, y compris le blocage de l’entrée du sommet, ont rappelé au monde que les forêts ne sont pas un décor, mais des territoires vivants. Les discussions ont intégré davantage la question des droits fonciers et de la participation des communautés locales.

 c) Santé et climat : des liens renforcés

La COP 30 a mis en avant l’impact dramatique des fortes chaleurs sur la santé. Des financements ont été annoncés pour la recherche santé-climat, ce qui montre une prise de conscience croissante : le climat, c’est aussi une crise sanitaire. 

2. Les limites et les désillusions

a) Influence massive des lobbys fossiles

Avec plus de 1 600 lobbyistes des industries fossiles présents, le sommet a été traversé par un poids lourd de l’extraction. Cela a pesé sur les négociations, limitant l’ambition de certains engagements.

 b) Objectifs trop flous

Le grand défi des COP : transformer les belles déclarations en actions concrètes. Plusieurs engagements restent vagues, sans calendrier clair, ni mécanisme contraignant. Le risque que tout reste au stade des promesses est réel. 

c) Sécurisation des financements incertaine

Même si des fonds ont été annoncés, leur mise en œuvre dépendra de conditions et de la transparence. L’accès direct et équitable pour les pays forestiers, comme la RDC, reste à garantir. 

3. Ce que la COP 30 signifie pour la RDC 

  • Une opportunité majeure : La RDC peut désormais revendiquer un rôle de premier plan dans la négociation des mécanismes de préservation des forêts et des financements climatiques.
  • Une responsabilité historique : En tant que gardienne du bassin forestier du Congo, la RDC doit transformer ses ressources naturelles en un levier diplomatique et économique.
  • Une nécessité de vigilance : Il faudra suivre de près la gouvernance du TFFF, exiger transparence et inclusion des communautés locales.
  • Un pari sur les alliances africaines : Pour peser dans les négociations, la RDC pourrait fédérer d’autres pays du Bassin (Gabon, Cameroun, Congo) autour d’un agenda commun.

 4. Leçons à retenir 

  1. Les COP ne peuvent plus être de simples vitrines diplomatiques : elles doivent produire des résultats tangibles.
  2. La justice sociale est au cœur de la transition climatique : sans droits des peuples autochtones, la protection des forêts reste partielle.
  3. Les financements doivent être équitables et durables : ni promesses creuses, ni fonds dérivés.
  4. Le leadership africain peut faire la différence : la RDC a une carte à jouer pour redéfinir sa place dans le nouvel écosystème climatique mondial.

La COP 30 n’a pas été une révolution, mais elle a posé des jalons importants.

Pour la RDC, ce sommet n’est pas une fin : c’est un point de départ. Un point d'où elle doit construire, négocier, exiger. Parce que préserver le Bassin du Congo, ce n’est pas seulement protéger la nature. C’est contribuer à l’avenir de la planète et se forger un destin respecté.

Sebrown NSIMBA/LIGHT ECO RDC