COP30 : Les peuples autochtones bloquent l’entrée du sommet pour dénoncer la destruction des forêts

La deuxième journée de la COP30 à Belém a été marquée par un événement fort : des groupes autochtones ont bloqué l’entrée principale du sommet pendant près de 90 minutes, empêchant temporairement l’accès aux négociateurs, journalistes et délégations officielles. Leur message est clair : la protection des forêts ne peut plus être un slogan diplomatique, mais une décision urgente — et leurs droits ne doivent plus être ignorés.

Un blocage symbolique, mais lourd de sens

Les manifestants, issus de plusieurs communautés forestières du Brésil mais aussi d’autres nations autochtones d’Amérique du Sud, ont voulu rappeler l’évidence que beaucoup préfèrent oublier : les forêts tropicales brûlent, meurent et reculent, tandis que les gouvernements continuent à multiplier les concessions minières, pétrolières ou agro-industrielles. En bloquant l’accès du sommet, ils ont voulu rendre visible ce que l’on préfère souvent cacher : 

  • des territoires grignotés par l’agrobusiness,
  • des fleuves pollués,
  • des villages menacés,
  • des violences croissantes contre les défenseurs de l’environnement.

Leur revendication : des droits territoriaux garantis

Les leaders autochtones ont réaffirmé leur demande prioritaire : la sécurisation légale de leurs terres, considérées comme l’un des moyens les plus efficaces au monde pour lutter contre la déforestation.
Cette revendication rejoint les constats des ONG internationales : les zones placées sous la gestion des peuples traditionnels enregistrent les plus faibles taux de déforestation. Leur présence à la COP30 n'est pas symbolique : elle est stratégique. Ils rappellent qu’on ne peut pas parler de « sauver les forêts » sans donner le pouvoir à ceux qui y vivent, qui les protègent et qui les connaissent intimement.

Un rappel brutal des contradictions du sommet

Ce blocage intervient alors que le Brésil, pays hôte, affiche une volonté de leadership climatique tout en autorisant parallèlement de nouveaux projets pétroliers en Amazonie, une décision largement critiquée par les activistes et observateurs. Dans ce contexte, l’action des peuples autochtones vient pointer du doigt une réalité dérangeante :
Les COP restent souvent des lieux où les grandes promesses cohabitent avec de grandes contradictions.

Quel écho pour la RDC et le Bassin du Congo ?

Pour la République démocratique du Congo, cet épisode est loin d’être anodin. Le Bassin du Congo, deuxième poumon vert mondial, est lui aussi le théâtre de tensions : concessions pétrolières, pressions minières, menaces sur les parcs nationaux, fragilité des communautés locales. L’action des peuples autochtones brésiliens renvoie directement aux enjeux congolais : 

  • reconnaissance des droits des peuples pygmées et autochtones ;
  • lutte contre les projets extractifs non durables ;
  • nécessité de protéger les forêts en partenariat avec les communautés, pas contre elles.

 La COP30 offre donc un miroir : nous ne pouvons pas espérer des financements verts sans garantir d’abord la justice sociale et territoriale.

Le blocage de l’entrée de la COP30 n’était pas un acte de perturbation, mais un acte de témoignage.
Il a rappelé que la crise climatique n’est pas qu’une affaire de chiffres, d’accords et de diplomatie : c’est une crise de territoires, de peuples, de vies. Et les peuples autochtones, trop souvent relégués au rang de figurants dans les négociations, ont envoyé un message :
Impossible de protéger les forêts sans respecter ceux qui en sont les gardiens.

Sebrown NSIMBA/LIGHT ECO RDC