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Entre annonces et réalité, Kinshasa attend des preuves concrètes

La signature d’un accord entre le Gouvernement provincial de Kinshasa et la société qatarienne Polymer pour la fourniture de sacs-poubelle s’inscrit dans le programme « Kinshasa Ezo Bonga ». Une initiative bienvenue… mais qui appelle une lecture critique, surtout dans un contexte où la capitale traverse l’une des pires crises d’insalubrité de ces dernières années.

Le Gouvernement provincial a annoncé la signature d’un partenariat avec la société qatarienne Polymer pour la production et la distribution de sacs-poubelle à Kinshasa. Officiellement, cette action vise à renforcer la collecte des déchets et à matérialiser la vision « Kinshasa Ezo Bonga », devenue le slogan central de l’exécutif provincial. 

À première vue, l’initiative semble prometteuse. Kinshasa a besoin de solutions modernes, industrielles, capables de soutenir une vraie politique d’assainissement. Aucun citoyen raisonnable ne peut s’opposer à l’arrivée d’un outil supplémentaire dans la lutte contre les déchets : sacs-poubelle, matériel logistique, innovations technologiques… tout cela est nécessaire. 

Mais la question essentielle demeure : est-ce que cette annonce répond réellement aux urgences du terrain ? 

Au moment où ce partenariat est dévoilé, la capitale fait face à :
– des montagnes de déchets non évacués,
– des décharges sauvages qui prolifèrent,
– des marchés envahis par les ordures,
– des axes routiers transformés en dépotoirs,
– une population fatiguée, qui ne voit plus la cohérence entre les slogans et la réalité quotidienne. Le problème de Kinshasa n’a jamais été le manque de sacs-poubelle.
Il réside dans la gestion, la collecte, le transport, le traitement, et surtout la transparence des fonds dédiés à l’assainissement. C’est d’autant plus vrai que deux audits — ouverts les 22 et 25 novembre 2025 — examinent actuellement l’usage des ressources du Fonds d’Assainissement de Kinshasa. 

Dans ce contexte, chaque nouvelle annonce devrait s’accompagner d’une information claire sur :
– le coût réel du partenariat,
– le mode de distribution,
– les mécanismes de contrôle,
– les résultats attendus,
– et le calendrier d’impact sur le terrain. Sans ces précisions, l’accord risque de n’être perçu que comme une communication bien orchestrée, déconnectée des réalités vécues dans les communes. 

Oui, Kinshasa a besoin d’avancer. Mais Kinshasa a surtout besoin de preuves. 

Et les preuves ne se trouvent pas dans les slogans… elles se trouvent dans les rues.
Si l’accord avec Polymer apporte un changement mesurable et visible, la population le reconnaîtra d’elle-même. À l’inverse, si aucune amélioration n’est perceptible, cet accord ne sera qu’un élément de communication de plus sur la longue liste des promesses non tenues. 

L’initiative annoncée peut être positive, mais elle doit s’inscrire dans une stratégie cohérente, transparente et mesurable. Kinshasa mérite des actions qui transforment réellement son paysage urbain, pas seulement des déclarations.
La ville attend des résultats. Et l’histoire retiendra non pas les annonces, mais l’impact réel sur la propreté et le quotidien des habitants. 

Sebrown NSIMBA LUAMBA/LIGHT ECO RDC

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