3 min lu
Quand le Cardinal parle aux gouvernants… qui parlera aux jeunes de leur propre responsabilité ?

La Journée diocésaine de Kinshasa a encore une fois attiré l’attention, non seulement pour son importance spirituelle, mais aussi pour les messages forts du Cardinal Fridolin Ambongo. Son discours, largement perçu comme une interpellation indirecte aux dirigeants, a résonné dans un contexte où la ville suffoque sous les embouteillages, les érosions, la corruption et l’incivisme chronique. Mais au-delà des gouvernants, une question dérange — et pourtant fondamentale — reste peu abordée : qui parlera aux jeunes de leur propre responsabilité dans l’état actuel de Kinshasa ?  Car si le leadership politique est un acteur majeur dans l’organisation urbaine, la population, elle, façonne tous les jours le visage de la ville.
Et l’on ne peut pas, avec honnêteté, évoquer la crise de Kinshasa sans regarder aussi du côté des comportements citoyens.

Kinshasa souffre aussi des gestes quotidiens de ses habitants 

La dégradation de la ville n’est pas uniquement une conséquence de décisions politiques mal pensées. Elle est aussi le résultat direct de nos attitudes :
– Les déchets jetés dans les caniveaux,
– Les marchés improvisés sur les routes,
– Les motos qui violent toutes les règles de circulation,
– Les constructions anarchiques installées sur des zones à risque,
– L’insalubrité devenue presque normale dans certains quartiers. Cette ville n’est pas détruite seulement par ce que font les dirigeants.
Elle est aussi détruite par ce que nous, citoyens, choisissons de faire… ou de ne pas faire.

 L’appel du Cardinal : nécessaire, mais incomplet

En pointant les dérives du pouvoir, le Cardinal joue son rôle de conscience morale. C’est légitime, et même indispensable.
Mais l’absence d’une interpellation marquée à l’endroit des jeunes laisse un vide.
Car cette jeunesse — dynamique, créative et majoritaire — est aussi la principale actrice de l’urbanisation informelle, de l’indiscipline routière et de l’incivisme quotidien. Elle n’est pas seulement victime des dysfonctionnements publics.
Elle en est parfois co-auteur. Dire cela n’est pas accuser.
C’est réveiller

Le véritable changement nécessite un double engagement

Il serait injuste et inefficace de réclamer un changement à la tête sans impulser un changement à la base. L’autorité doit améliorer sa gouvernance.
La population doit améliorer ses comportements.
L’un ne remplacera jamais l’autre. Et si Kinshasa en est arrivée là, c’est aussi parce que ce double mouvement n’a jamais eu lieu. 

Les jeunes, une force décisive pour transformer la ville 

On ne peut pas construire une capitale moderne sans une jeunesse disciplinée.
On ne peut pas lutter contre les érosions sans une jeunesse qui refuse de jeter un seul sachet dans un ravin.
On ne peut pas fluidifier la circulation sans une jeunesse qui respecte le code de la route.
On ne peut pas rêver d’un futur durable si la jeunesse continue d’ignorer l’impact de ses gestes sur son propre environnement. La jeunesse kinoise n’a pas seulement un rôle à jouer dans la critique du pouvoir.
Elle a un rôle à jouer dans la reconstruction de la ville.

 Kinshasa changera quand nous changerons 

Que les dirigeants entendent l’appel du Cardinal, oui.
Mais que les jeunes entendent aussi l’appel de la ville. Une ville qui dit :
“Je ne peux plus respirer. Vos gestes me suffoquent autant que vos gouvernants.” Le futur de Kinshasa dépend d’un leadership responsable.
Mais il dépend tout autant d’une jeunesse responsable. Et si, pour une fois, nous commencions tous à faire notre part ?

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.