Éditorial — Police, caméras et citoyens : restaurer la confiance pour construire une société plus juste

Depuis quelques années, un phénomène s’installe dans l’espace public congolais : de plus en plus de policiers sont filmés dans l’exercice de leurs fonctions, souvent à leur insu et sans leur consentement. Les vidéos circulent, s’enflamment sur les réseaux et révèlent une réalité qui dérange : tracasseries, extorsions, abus de pouvoir et attitudes incompatibles avec la mission de service public.

Ces pratiques, dénoncées depuis longtemps par des citoyens excédés, ont poussé la population à dégainer le téléphone comme réflexe de protection. Filmer devient alors un outil de preuve, une manière de dire « je veux être entendu », parfois même le dernier rempart contre l’abus. Mais cette tendance, aussi compréhensible soit-elle, soulève une question capitale : le droit à l’image.

Même en uniforme, même en fonction, un policier reste un individu protégé par la loi. Le filmer sans consentement n’est pas un acte anodin. À cela s’ajoute un risque bien réel : la sortie de vidéos hors contexte, la manipulation des images, ou la diffamation. La difficulté est donc là : comment concilier le besoin de transparence des citoyens et le respect de la dignité des forces de l’ordre ?

Un malaise profond qui appelle une réforme urgente

Si les caméras se multiplient, ce n’est pas par voyeurisme. C’est le signe d’une fracture : une population qui doute, une police qui peine à incarner la confiance et la protection, et un État qui n’a pas encore totalement clarifié le cadre légal de ces pratiques. 

Pour avancer, trois piliers deviennent indispensables :

  1. Une police exemplaire, formée et contrôlée, qui n’ait pas peur d’être vue, parce qu’elle exerce dans la transparence et la déontologie.
  2. Des citoyens responsables, qui utilisent la caméra avec discernement, non comme une arme mais comme un outil de responsabilisation.
  3. Un cadre juridique clair, qui protège à la fois les droits des citoyens et ceux des policiers, et qui contribue à réduire les tensions sur le terrain.

La caméra n’est pas l’ennemie : l’abus de pouvoir, si

Le véritable enjeu n’est pas le téléphone qui filme, mais les comportements qui forcent les citoyens à filmer. Lorsque les institutions fonctionnent, la caméra devient presque inutile. Lorsque la confiance est rompue, elle devient instinctive.                    À LIGHT ECO RDC, engagée dans la sensibilisation sur la citoyenneté, l’éthique et la gouvernance, nous rappelons que la transparence n’est pas un combat contre la police, mais un appel à construire une société où chaque acteur accomplit pleinement sa mission.

Pour une relation Police-Citoyens basée sur le respect mutuel

Une société stable et durable se construit avec une police respectée… mais également respectable. Avec des citoyens informés… mais également responsables. Et avec des lois appliquées… mais également comprises. Si nous voulons avancer vers un avenir plus juste, il nous faut restaurer la confiance, clarifier les règles, moderniser nos institutions et encourager un dialogue honnête entre population et forces de l’ordre. Parce qu’au fond, entre un téléphone levé et un service public réformé, le choix devrait être évident.

Sebrown NSIMBA/LIGHT ECO RDC